L'observation de l'architecture vernaculaire de terre au Maroc, nous conduit vers une nouvelle démarche vernaculaire où celle-ci devient une possibilitÈ de rÈponse aux enjeux actuels que sont la mixitÈ sociale, líengagement, le faire-ensemble, l'économie de moyens, la sobriété énergétique, le respect de líensemble du vivant et la préservation de notre autonomie. 

Dans un monde qui ne nous parle (presque) plus, nous habitons une logique financière qui nous détache de notre environnement et nous aliène à un système autoritaire où règne l'individualisme. Ainsi, étant donné l'état de ce monde dans lequel nous évoluons, l'exemple du chantier de terre au Maroc, éprouvé au fil des siècles, fait sens au regard des actualités architecturales, par son laboratoire urbanistique majeur, ayant influencé bien des urbanistes : la kasbah. 

Dès lors, il s'agit de réinterroger nos connaissances sur cette architecture ancestrale pour mieux déterminer ses acteurs, ses fondements, ses vocations... Ainsi, les petits mondes balayés par la modernité pourront peut-être refleurir. En effet, afin d'envisager un nouveau vernaculaire il semble primordial d'accepter qu'il soit traversé par son antonyme : le véhiculaire. Notre époque a créée de précieux mécanismes qui pourraient permettre de sublimer le "geste vernaculaire" si cher à Andé Ravéreau. Nous pressentons qu'il existe de nombreux outils intéressants et quíil est de ce fait important d'envisager de se les réapproprier.

L'action passe avant tout par la prise de conscience, réaliser notre condition, nous permettra de réapprendre à voir, pour mieux vivre ensemble, mais de manière autonome. La tendance du Do It Yourself montre la volonté de personnes isolées de se regrouper autour de préoccupations et d'intérêts communs générant ainsi un tissu organisé et lié. Dans ces tentatives de faire soi-même, il est nécessaire de puiser les aspirations pour faire et définir le vernaculaire d'aujourd'hui. La résistance consiste ainsi à acquérir l'indépendance essentielle qui permettra de redonner du sens à nos manières d'êtres, de travailler, de construire et de vivre ensemble. 

D'une culture à une autre, l'objectif est d'y trouver une certaine résonance, à l'image du vernaculaire qui cherche à créer des correspondances dans le temps et l'espace. Il n'est pas question ici de construire ou non en terre, mais d'observer sa mise en oeuvre, ses possibilités, ses richesses et ainsi de comprendre qu'aujourd'hui nous avons le choix. Inspirée par l'adage "penser global pour action local", la réflexion proposée ici n'a pas pour vocation l'universalité. Elle tente de démontrer une possible efficience de l'architecture vernaculaire en 2016. Ce mémoire tente d'approcher, de réinterroger, une définition actualisée de cette architecture.